musique par 2 cellos, « Shape of my heart »
La photographie Humaniste participe d’un principe très simple : en ce qui me concerne, je photographie les gens naturellement comme s’ils faisaient partie de ma famille*, les enfants comme c’étaient les miens (« Any child is my child » disait Mandela !), les aînés comme s’ils s’agissaient de mes propres grands-parents. Que ce soit devant chez moi ou à l’autre bout du monde, que ce soit aujourd’hui, hier ou demain. Idéalement, une photo n’aurait besoin d’aucune légende, ni lieu, ni date…
Sur la photo du mois de janvier, on y voit Fabrice en compagnie de sa grand mère. Il se trouve qu’elle vient de décéder et je veux par cette photo lui rendre un vibrant hommage. C’est la maman d’un ami de longue date et très cher. Cette Marseillaise de naissance m’a accueilli il y a si longtemps (que l’on finit par croire que c’est depuis toujours) comme un vrai fils. D’ailleurs elle a toujours considéré les amis de ses enfants comme les siens. Elle avait le cœur et les bras ouverts pour nous tous, nous étions en quelque sorte ses fils adoptifs. Une famille Ô combien nombreuse! Surtout après le sport!
Mais avec elle, pour moi qui venais du lointain Vietnam, à travers elle, c’est toute une petite humanité marseillaise qui se révélait à mes yeux et à mon être, qui me déroulait ses us et coutumes, ses traditions familiales avec ses joies, ses jeux, ses rites de vie à partager et à vivre ensemble. Des orages, des contrariétés certes il a dû y en avoir, mais je ne l’ai jamais vue de mauvaise humeur. Elle s’inquiétait toujours de nous, de mes parents, frères, sœurs, enfants, petits enfants au fur et à mesure que la vie défilait.
Et de la vie, il y en eût dans cette maison …
J’y ai découvert les plats merveilleux de la cuisine marseillaise, les pieds paquets de la grand mère, l’aïoli, la soupe au pistou, la soupe à l’oignon etc…
Notre plat de prédilection: rien de très sophistiqué, un plat de pâtes au jus de poulet servi en toute simplicité!
Un jour, que je lui demandais à quelle heure elle se réveillait le matin, elle eût cette réponse extraordinaire « eh, quand mes yeux s’ouvrent… »!
J’ose penser que mon regard lui doit beaucoup!
*référence à la grande exposition des années 60, the Family of Man organisée par Steichen