la photo du mois de Juillet | Photos de Mathieu Do-Duc

old couple sleeping in parc Montsouris, Paris. 1990 ©

issue de l’exposition « Et le Soleil nous laisse à des Jours Plus Vieux »

et le soleil nous laisse à des jours plus vieux

La photo du mois de Juillet est la photo d’un couple d’aînés endormis au parc de Montsouris à Paris en automne dans les années 90.

Mon fils était avec sa mère dans ce même parc au spectacle des Guignols. En les attendant, je fis le tour du parc. Il y avait peu de monde. Je vis ce couple endormi, visiblement habillés pour une circonstance particulière voire solennelle , dont l’homme me faisait penser, je ne sais pourquoi, au prince de Monaco. Même dans ce bref sommeil, ils avaient l’air d’être reliés. J’eus juste le temps de cadrer et de prendre la photo. 10 secondes après, les voilà qui se réveillent et reprennent tranquillement leur promenade dans le parc. Peut être dans leur sieste ont-ils entendu le déclic de mon appareil et cela les aurait réveillés? Je l’ignore. En tout cas ils sont repartis l’air de rien. Quant à moi je me suis gardé de les aborder, je me suis contenté de les regarder s’éloigner, ensemble main dans la main comme au premier rendez-vous.

J’aime ces photos où avant, pendant et après l’instant on a l’impression que notre modeste intervention dans le flux naturel des choses n’a rien ou si peu « impacté ». Un léger battement de cil, un clignement d’œil. Une sorte de mikado où il faut s’efforcer de bouger le moins de choses possibles.

Ce cliché est l’un des tous premiers d’une longue série sur les aînés et les vieux couples qui ont traversé tant d’années côte à côte, contre vents et marées. J’ai une tendresse particulière pour les seniors. Ils me renvoient invariablement à mes grands parents maternels et paternels vus pour la dernière fois à l’âge de 7 ans lors de mon départ du Vietnam pour la France il y a maintenant 50 ans.

Je continue toujours de photographier les personnes âgées que je rencontre avec bonheur et les remercie simplement d’être là et de croiser mon chemin, de me faire toucher des yeux l’intemporalité.

pour le Temps qu'il faut