la photo du mois de septembre

portable and bananadans un aéroport années 2010

woman eating and reading

Londres années 90

little Japanese reading

San Jose, California 2015

La photo du mois de Septembre, je devrais dire les photos puisqu’il y en a deux (plus une ajoutée le 29/09), désolé pour le mois d’août, montrent deux femmes et une jeune fille à deux époques différentes.

Pour mes trente ans de photographie, j’ai revisité mes négatifs et en développant ces deux là, elles  m’ont sauté aux yeux. Elles sont connectées, presque semblables en tout cas dans l’esprit  et cependant, si on les observe bien, on comprend que l’évolution lente mais sûre des choses nous rattrape inéluctablement. La première a dû être prise dans les années 90, la seconde il n’y a pas si longtemps, 2010 par là.

Pour le street photographer que je suis parfois, je constate que je vois de moins en moins de gens lire ou converser entre eux, que ce soit dans la rue ou dans les transports en commun. J’ai même lu que dans une ville de l’est, on proposait  la gratuité dans les bus pour ceux qui y lisaient pendant leur trajet. Mes amis photographes sur FB ou sur le Net montrent de plus en plus de gens accrochés à leurs téléphones portables souvent dernier cri. Le mien est un vieux Nokia et je ne peux même pas prendre de photos avec. Je reconnais cependant que ces portables ont atteint une qualité remarquable à tous niveaux, définition, rapidité, stockage, commodité…

Tout va très vite et la lecture semble inadaptée à nos nouveaux modes de communication et de vie. Les journaux papier disparaissent un à un, les amis vendent leurs encyclopédies Universalis car en quelques clics, quelques minutes sur notre téléphone connecté, on accède aux informations les plus complexes, les plus folles, les plus improbables. Le risque, dit le sociologue, est de devenir intolérant à l’attente, à la lenteur.

Or le photographe lui est dans  l’attente, dans la lenteur,  dans la lecture attentive d’un monde qui se déroule sous ses yeux même si il n’a qu’une fraction de seconde parfois pour se décider et pour déclencher. Il a besoin de temps, « le temps qu’il faut » pour s’émerveiller et donner à lire des images fixées à jamais. Les gens, j’en suis convaincu continueront à lire, mais prendront-ils le temps de se poser?