la photo du mois d’Octobre

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Marrakech, années 2009

oldcouplededosNew York, années 90

les trois copains

Paris années 90

 » Mon œil vit en état permanent d’excitation, même quand je n’ai pas de caméra. Dans le regard, c’est là où je trouve mon plaisir. »
HCB

la photo ou les photos  du mois d’octobre sont des clichés de dos. « Côté Pile* » :

Un grand père, un petit fils et un fils marchent dans une rue de Marrakech. Ils sont tous au même rythme mais le grand père et le petit fils semble marcher à l’unisson.

Un très vieux couple d’Américains à Washington Square qui ont l’air d’air traversé presque le siècle ensemble et qui marchent vers l’éternité.

Trois gamins à Paris qui semblent se raconter mille et une aventures. Ils sont indifférents à leur environnement urbain.

J’aime bien prendre les gens de dos quand ils déambulent dans la rue. Je me souviens d’un livre de Boubat, intitulé « Vues de dos » avec des images magnifiques. En introduction, dont le titre  « PILE EST LA VÉRITÉ », Michel Tournier écrit:

« Tout est dans la façade. Mais l’envers? Mais l’arrière? Mais le dos? Le dos ne sait mentir. »

Et c’est cela qui m’intéresse : L’harmonie  et  la symbiose  qui se dégagent toujours de ces images, indépendamment  de tout velléité de contrôle de soi,  Naturellement, on s’inscrit dans le pas de l’autre sans y prendre garde puisque justement on n’est pas sur ses gardes. On reste soi même et on évite cette moue involontaire, légèrement crispée qui parfois précède le déclic de l’appareil puisque on ne voit pas le photographe qui est là en embuscade pour enregistrer, immortaliser notre déambulation.

Quel confort d’ailleurs pour celui ci. Il n’a pas pas à affronter le risque de refus, l’incompréhension ou l’interrogation de l’autre, la demande d’explication voire de justification de son action, l’agressivité parfois.

Cadrer, déclencher et laisser les gens s’éloigner lentement, disparaître de son champ de vision presque naturellement, comme ils y sont entrés. Pas d’effraction, pas de sentiment voire d’intrusion de la culpabilité derrière l’objectif car, parfois je l’admets, celle ci  s’insinue insidieusement en nous, induite par le regard des autres. Seulement l’insouciance, la magie de l’instant, la simplicité du geste naturel.

Et pour le lecteur de l’image, quelle liberté d’interprétation, quelle joie d’imaginer, de s’identifier…

 

Californie 2013